3919 : Le triste record de l’année 2024 !

« Un triste record » : le 3919 alerte sur une hausse des appels pour des violences faites aux femmes

Par Béatrice Dugué ⸱ Mardi 24 juin 2025

En 2024, pour la première fois depuis la création de la ligne d’écoute 3919, la barre des 100 000 appels pris en charge a été dépassée, selon le bilan de la Fédération nationale Solidarité femmes publié ce mardi. L’association dénonce le manque d’hébergements pour accueillir les victimes.
Le 3919 n’a jamais reçu autant d’appels. Plus de 100 000 l’an dernier, selon le bilan annuel de cette ligne d’écoute pour les victimes de violences conjugales créée en 1992. « Ce triste record montre que les violences conjugales restent massives et qu’il y a urgence d’agir pour un financement des dispositifs d’aide et pour une société plus égalitaire », écrit la Fédération nationale Solidarité femmes, qui gère le 3919.
L’association a notamment noté un pic d’appels à l’automne, durant le procès des viols de Mazan : six fois plus d’appels par mois au 3919 pendant le procès par rapport au début de l’année. Par ailleurs, l’augmentation des appels peut aussi s’explique par une extension du numéro, qui fonctionne 24h/24, 7 jours sur 7 et est accessible en 200 langues, depuis 2021.
Les violences conjugales que vivent ces femmes sont multiples, psychologiques, verbales, physiques, administratives. Et les écoutantes reçoivent des témoignages de plus en plus rudes. « Elles constatent ces derniers temps que les descriptifs des violences sont de plus en plus violents, que des femmes sont de plus en plus menacées de mort, que des actes de torture et de barbarie sont de plus en plus racontés au téléphone », explique Miné Günbay, la directrice générale de la Fédération nationale Solidarité femmes.
Les femmes sont souvent mises à la porte du foyer par les conjoints violents, sans moyens financiers. Or, il manque d’hébergements pour les mettre à l’abri. « Aujourd’hui, les moyens nécessaires pour mettre en sécurité et permettre aux femmes victimes et à leurs enfants d’être dans un cadre de sécurité sont loin d’être satisfaisants, que ce soit en matière d’hébergement et en matière d’accompagnement global au quotidien. Aujourd’hui, les associations de terrain nous font part pour les femmes et leurs enfants de manques de moyens criants », poursuit Miné Günbay.
Le rapport pointe aussi que les enfants sont des victimes directes et indirectes de ces violences. Par ailleurs, l’association voit se développer la stratégie des contre-plaintes : les femmes sont accusées de violences réciproques, avec des hommes qui attaquent les femmes après avoir été eux-mêmes dénoncés. Enfin, ce n’est pas parce que les couples sont séparés que les violences psychologiques, financières, le harcèlement s’arrêtent, alerte le rapport.
Pour rappel, 99% des victimes qui appellent sont des femmes et 98% des auteurs de violences sont des hommes.